Dans les disciplines bionaturelles*, qui fondent leurs bases théoriques sur la conception orientale de la santé et du bien-être, l’équilibre entre le Yin et Yang n’est pas qu’un concept purement théorique à appliquer une fois que la condition énergétique du receveur a été analysée. Nous voyons comment elles s’expriment dans différentes pratiques.
Par Silvia Marchesa-Rossi.
*Les disciplines bio naturelles tournent autour de l’aspect pratique de la santé, de la beauté et de l’esprit sportif. Il s’agit d’une activité importante et précieuse pour la « vitalité » de la personne.
Les énergies Yin et Yang :
Il est vrai que la distinction entre les deux aspects de l’énergie caractérise généralement la description des conditions d’un receveur avec lequel nous nous confrontons pour lui proposer un traitement de rééquilibrage.
Énergie Yin : représente l’aspect féminin, frais, calme et introspectif de l’énergie.
Chez une personne, un excès d’énergie Yin pourrait se manifester par une sensation de froid et de stagnation, avec une tendance à l’apathie et à la passivité. En revanche, une carence en énergie Yin pourrait entraîner des symptômes tels que la sécheresse, l’irritabilité et la nervosité.
Énergie Yang : représente l’aspect masculin, chaud, actif et extraverti de l’énergie.
Chez une personne, un excès d’énergie Yang pourrait se manifester par de l’excitation et de l’hyperactivité, avec une tendance à l’irritabilité et à l’impatience. En revanche, une carence en énergie Yang pourrait entraîner des symptômes tels que la fatigue, la faiblesse et une sensation de froid chronique.

L’équilibre Yin et Yang :
Le Yin et le Yang sont des aspects de l’énergie qui coexistent en chaque personne dans un équilibre dynamique en constante évolution. La continuité et l’alternance de cette dynamique garantissent à chaque personne la disponibilité des qualités énergétiques utiles pour faire face efficacement à chaque moment de la vie.
La variation de cet équilibre dynamique, due aux événements les plus divers, externes ou internes à la personne, se manifeste de manière appropriée par des variations dans les normes de vie, de santé, d’efficacité de la personne elle-même, qui peuvent se manifester par des indices, des signaux, des symptômes, de tout ordre et de toute gravité.
Yin et Yang en pratique :
Un praticien des disciplines bionaturelles souhaitant faciliter un rééquilibrage approprié chez son client devra distinguer les conditions et les besoins du receveur pour lui proposer les mesures les plus appropriées pour lui permettre d’entamer le processus de changement recherché.
En réalité, le défi de la formation du praticien consiste surtout à savoir distinguer « en direct » sur lui-même les indices de la présence de ces deux aspects.
Si en tant que praticien, je me limitais à appliquer une mesure Yang à une personne dont le Yang est déficient, je reproduirais simplement le schéma de travail proposé dans la conception générale de la médecine de remplacement : il n’a pas assez de Yang, donc je le « stimule » avec des propositions dynamiques. Ou bien : il n’a pas assez de Yin, alors je lui apprends à s’écouter, se détendre, s’intérioriser.
Une opposition infructueuse, qui risque même d’aliéner la confiance du receveur.

Créer une relation avec le Yin et Yang :
Dans les DBN, nous parlons de reconnaître et d’atteindre la personne dans son expression énergétique, de l’engager avec le « langage » qui lui est propre, en créant (avec des mots, des techniques, des gestes) des moments de compréhension et d’échange réciproques, afin d’établir une dynamique de changement là où la dynamique fait défaut ou est faible et non gouvernée.
Lorsque cette relation s’établit correctement et sans intrusion, le changement devient possible. En tant que praticien, je deviens un « exemple », non par des discours ou des conseils, mais en manifestant la modulation de l’équilibre entre le Yin et le Yang qui a fait défaut au receveur.
Si je vais bien, je suis un praticien « équilibré » et « compétent » (bien que le terme soit dynamique dans sa variété), je suis capable de représenter avec mon expression personnelle et ma technique à la fois les qualités Yin et Yang.
Par exemple, je sais écouter, sans jugement ni ingérence, je reçois et garde, je laisse de l’espace, voire je crée de l’espace, même avec le silence quand c’est nécessaire (en m’adaptant à sa condition Yin), et ce faire de l’espace offre à la personne l’occasion précieuse de laisser émerger et manifester la qualité qui lui fait défaut, en la reconnaissant et en la valorisant.
Ou alors, je sais valoriser les qualités « généreuses » de son Yang, qui le rendent réactif et protagoniste dans certains aspects de son expression vitale, mais qui l’exposent au risque de « trop en faire » et donc de manifester ces signaux explicites et éventuellement gênants dont il se passerait volontiers, au prix de les supprimer avec des calmants et des dénis.
Le Yin et Yang dans le Shiatsu :
Dans le shiatsu (Masunaga et Ohashi), la différence dans l’action entre les deux mains du praticien est généralement reconnue et valorisée : la « main mère » et la « main messagère ». L’une est placée de manière plus statique, avec une surface élargie, un plus grand soutien du corps du praticien sur les parties du corps du receveur reconnues au toucher comme nécessitant un soutien, de la chaleur, de la tonification (en termes japonais : Kyo, déficientes en énergie).
L’autre se déplace de manière plus dynamique, stimulante, légère, superficielle, respectueuse de la résistance des zones contractées (Jitsu, excessivement chargées d’énergie). Le déplacement du poids et des mouvements sur le receveur, effectué avec cette modulation qui alterne d’un côté à l’autre du corps du receveur.
Cela crée une sensation de respect, de détente, de stimulation, et donne lieu à une dynamique qui commence dans le traitement et se poursuit également par la suite chez le receveur, offrant un exemple vivant de modification que le receveur peut naturellement reproduire par la suite. Dans ce cas, la seule participation demandée au receveur est : la détente et l’auto-écoute. Tout est très implicite et ne nécessite pas beaucoup de verbalisation.

Le Yin et Yang dans la Digitopression Jin Shin Do® :
De manière similaire, dans la digitopression Jin Shin Do®, les deux mains sont utilisées de manière différenciée, une main (ou plutôt un doigt dans ce cas) étant maintenue sur un point « en crise », qui indique un sentiment de malaise à divers niveaux (l’équivalent du Jitsu dans le shiatsu). Ce point est appelé « local ».
L’autre main (ou plutôt le doigt) contacte quant à elle un ou plusieurs points « distaux », dans des positions physiquement ou énergétiquement apparentées au point local, avec des fonctions de « distraction », de « stimulation », de « médiation » par rapport aux conditions et sensations produites/perçues au niveau du point local.
L’action combinée de ce double contact déclenche des processus de compensation mutuelle qui génèrent des effets à divers niveaux, difficiles à décrire en raison de leur variété et de la subjectivité des perceptions. En réalité, ces effets trouvent souvent une expression, verbale ou physique, dans les réactions du receveur, appelées « relâchements », qui peuvent être physiques (la tension dans le point local diminue) ou émotionnels (les blocages des prétendues « armures » qui contraignent profondément le moi à la manifestation libre de vécus émotionnels retenus ou niés, mais toujours présents et actifs, se relâchent).
Libérer ces processus de relâchement fait partie du rééquilibrage recherché par le receveur, tandis que le praticien accompagne avec un « écoute active » l’occupation de cet espace de conscience par le receveur, sans pour autant le provoquer ou le conditionner.
Même dans l' »écoute active » (Carl Rogers), nous pouvons lire la modulation d’une intervention entre le Yin (silence, acceptation, écoute, absence de jugement ou de conseil, confiance dans les possibilités évolutives du receveur) et le Yang (contact expert à deux mains, manifestations d’attention, brefs encouragements verbaux et enfin suggestions pour ancrer les ressources émergées).

Le Yin et Yang dans le Reiki :
En ce qui concerne l’action rééquilibrante du praticien, le reiki montre peut-être moins explicitement la modulation entre le Yin et le Yang.
Étant donné que « l’énergie va où elle est nécessaire », conférer, par le contact ou l’imposition des mains, ou avec l’intention (selon l’expérience du praticien), une contribution d’énergie qui provient de la source universelle commune à tous, mais qui est canalisée en particulier par ceux qui connaissent et interprètent cette transmission, signifie compenser et aplanir tout déséquilibre produit dans la vie et dans l’organisme du receveur, en activant ses ressources vitales.
Il est cependant intéressant de faire une observation sur la qualité énergétique du praticien. En tant que canal qui transforme et transmet l’énergie de A (la source) à B (le receveur), son efficacité dans la transformation et la transmission est mesurée par la « permeabilité » de ses canaux.
En d’autres termes : si je, en tant que praticien, suis relativement « libre » de blocages, de problèmes, d’obstacles, de désagréments, ma qualité de « canal » me rend capable de transformer et de transmettre l’énergie (Rei) en énergie personnelle (Ki) qui soutient et satisfait les besoins du receveur.
Sinon, si c’est moi qui ai d’abord besoin de soutien et de complétion… rien de mal, mais l’énergie reste principalement à moi.
Ce n’est pas un hasard si les cours d’initiation au reiki commencent généralement par apprendre à « se donner du reiki à soi-même », d’abord, pour être bien et… pour devenir des canaux utiles aux autres. Il n’y a pas d’examen à cet égard, il n’y a pas de seuil à franchir pour devenir des « fournisseurs » d’énergie, car cette condition est extrêmement variable, voire fluctuante, en fonction des conditions de vie et de la pratique.
L’expérience aide à acquérir la sensibilité pour en être conscient. Dans ce cas, nous pourrions définir comme « plus Yin » la condition où il est nécessaire de « nettoyer le canal » et « plus Yang » celle où l’énergie circule plus ou moins librement à travers le canal libre. C’est aussi un équilibre en dynamique continue.
–
Silvia Marchesa-Rossi.
La modulation entre le Yin et le Yang caractérise, en général, les disciplines bionaturelles ; elle illustre et souligne leur aspect fondamental : compter sur les ressources de bien-être présentes naturellement en chacun.